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Journal de confinement # 4 - confinement et lutte des classes

Je vous écris de ma condition rurale, cadre de la fonction publique, j'ai conscience d'être du côté des chanceux.
Cependant, quand je vous poste mes photos de madeleines, de soleil, de rangement, de journal... J'ai conscience que ce n'est pas la vie de tout le monde en ce moment de pouvoir faire des cours de yoga en ligne.



Je regarde les vidéos des youtubers #stayathome (and give me youtube money pendant que je te raconte ma vie dans mon salon), des chanteuses qui font des lives instagram, des écrivaines qui font leur journal de confinement dans les grands médias nationaux. Puis je regarde mon copain, ma mère, mon frère et ma soeur aller bosser pour approvisionner, nourrir, informer, soigner les humains.
Vous imaginez que ça crée chez moi quelques questions existentielles d'être chez moi pendant ce temps là. Mais bon, du coup, ça aide aussi à garder les pieds sur terre.

Nous ne vivons pas tous la même période : certains travaillent chez eux, certains bullent au soleil (tout en ne sachant pas vraiment s'ils seront payés, combien et comment), certains travaillent dans les hôpitaux et prennent chaque jour des risques, et d'autres vivent à 6 dans des appartements et ne peuvent pas sortir. Et puis une partie encore travaillent alors qu'ils ne font pas un travail qui soit en tant que tel vital à la nation, mais que ça coûterait trop cher de mettre au chômage partiel. Bonjour les travailleurs du bâtiment.

Alors je lis beaucoup qu'écrire pendant cette période, raconter le printemps qui éclot et les bienfaits du yoga, partager les recettes que l'on réalise et livres qu'on lit est indécent. Je comprends. Je comprends mais alors quoi ? J'ai du mal à voir, comment concrètement je peux agir.

Je comprends qu'il serait intéressant de lire les chômeurs dans la précarité, les mères célibataires qui galèrent avec des gosses qui ne peuvent plus mettre un pied dehors, des infirmières qui travaillent au plus proche des malades. Mais ces gens là justement, ils ont autre chose à foutre que d'écrire leurs journées, quand il rentrent harassés du travail, angoissés par l'incertitude du lendemain.

Entre les enfants qui n'ont pas d'accès internet garanti pour travailler les cours de leurs instits, ceux qui doivent partager l'attention d'un parent alors qu'ils sont plusieurs à devoir avancer leurs devoirs... Ceux qui doivent laisser leurs enfants dans des accueils collectifs parce que les deux parents sont au travail. Les inégalités sociales sont en marche dès le plus jeune âge ces temps ci.

Cette période est une loupe sur la société, une loupe sur les inégalités. Et c'est bien de voir qu'elles sont comprises par certains. Mais comprendre n'aide pas vraiment à passer à l'action, en ce moment au moins.
J'ai envie de réfléchir à comment sera l'après, comment va-t-on ré-imaginer le monde, après quand le cours de la vie reprendra, que l'on pourra sortir de chez soi ? Comment va-t-on aider le gouvernement à - ne pas finir de flinguer le droit du travail - mais plutôt concentrer son énergie dans un service public (notamment hospitalier mais pas que), efficace, qualitatif, centré sur les humains qui y travaillent et ceux qui en bénéficient ? Comment on prendra soin d'aller voir nos grands parents plus souvent ? Et comment on gardera l'habitude de s'appeler régulièrement ?

Mais comme on dirait que ça ne va pas durer que quelques jours, donc il faut aussi réfléchir à la situation comme permanente, comme une situation "durable", et il y a du travail. Je suis toute ouïe sur vos réflexions au sujet des inégalités, de la place de l'écriture, de l'indécence des journaux de confinement...

J'espère que vous allez tous - toutes pour le mieux.





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