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Journal de confinement #3 - Tenir un journal

Je ne pense pas au Progrès ni au Dauphiné. Mais bien aux journaux intimes, aux journaux de vie, on parle de documenter la vie, l'amour, le quotidien, avec un papier et un crayon (ou un logiciel de traitement de texte).



Cet article a été écris bien avant toute cette non-agitation qui nous agite. Mais il me semble plus que jamais d'actualité. Je vous laisse voir à quel point ça peut être intéressant de documenter ce moment inédit dans nos vies. Je ne parle pas du journal bourgeois de Leïla Slimani, en exode dans sa grande maison de campagne, mais de nos banales vies.

Les journaux, j''aime les lire, et chaque fois, ça me donne envie d'écrire. C'est tellement bête que la notion de journal soit associé à l'adolescence, au côté dramaqueen. Tenir un journal, c'est documenter sa vie, travailler l'introspection, qui parait tellement nécessaire à la santé mentale parfois.

Tenir un journal, c'est faire un pas de côté dans le tourbillon du quotidien, c'est continuer d'écrire à la main sur un papier - même si un journal intime sur word ou dans les notes de son smartphone c'est bien possible aussi, j'imagine. C'est penser que faire quelque chose d'utile tout le temps ne nous apportera aucun salut. Ecrire un journal, c'est tellement banal. (Non, je ne fais pas des rimes dans les temps normaux quand je remplis mes journaux).

Pour parler en quelques mots de ma pratique, je pourrai vous mettre une photo de mes 12 ans de journaux, mais ils ne tiendraient pas dans le cadre. J'ai des carnets pour tout mais contrairement au reste du monde (je crois) j'écris vraiment dedans. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis jamais sans mon carnet noir, toujours près de moi, extension de mon cerveau. Il y a eu la mode #bulletjournal, vous trouverez même des articles à ce sujet sur ce blog. Mais concrètement, je l'ai adapté au fil des ans, et ma pratique de tenir journal se mélange joyeusement aux listes de courses, aux projets créatifs, aux numéros de téléphones notés vite fait. Il n'est pas très beau, ni très laid, il me plait beaucoup.

Et depuis quelques jours, j'ai noirci quelques pages non au sujet de mon organisation ou des conversations que j'ai eu avec des gens, mais bien de ce que l'on vit. Ce moment suspendu de nos vies. Je suis sûre que je serai contente de le relire dans quelques années (ne revenez pas trop vite lire vos journaux après les avoir écris, au risque de vouloir les brûler, enfin, à moi ça me fait ça).

Quelque chose que j'aime particulièrement faire dans ma vie ? Regarder les gens autour de moi et m'imaginer qui tient ou ne tient pas un journal.

Et vous vous tenez un journal ? D'introspection ou de documentation ? Tout le temps ou par période ?

Pour ceux que j'ai adoré lire, je vous les conseille à mille pourcent.

Journal - Virginia Woolf
Ici, documentation de la vie de cette immense autrice, des landes anglaises noyées dans le brouillard aux conditions de vie d'une jeune femme du 19ème siècle en Grande Bretagne. Ce journal, c'est un peu le fil rouge de ses autres écrits. Mieux la comprendre pour mieux comprendre la construction de son oeuvre.

Journal d'un corps - Daniel Pennac
C'est un roman, mais écrit comme le journal intime du corps de son personnage. Résumé en une phrase ? : "Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose."

Journal d'un curé de campagne - Georges Bernanos
C'est un roman aussi, et comme ça reste une question qui pique ma curiosité : comment des êtres humains confient ainsi leur vie à l'Eglise (pas à Dieu hein).

Correspondances Albert Camus et Maria Casares
J'ai commencé, mais je dois avouer qu'il me reste près de 1000 pages à lire (j'en ai déjà avalé 300!), mais ce n'est pas vraiment le livre que l'on peut emporter dans le train.
La correspondance entre ces deux personnes met au jour ce grand amour illégitime entre eux, le long d'une vie. Entrecoupé de silences où ils ont pu vivre leur amour dans la vraie vie. On se délecte des mots, du temps long.

Cornichons au Chocolat - Stéphanie
Livre culte des années 80 (parait-il), journal d'une adolescente parisienne de 13 ans, qui imagine comment elle va s'autoréaliser tout en galérant dans la vie du quotidien.

Vous trouverez les liens comme des grands pour acheter ces livres, mais pitié ... pas Amazon.

Commentaires

  1. J'ai tenu un journal pendant pas mal d'année, de mes 14 ans à mes 20 ans je dirais. J'en ai toujours un mais j'écris moins régulièrement. Quoique, en ce moment j'y reviens, surtout pour y écrire mes expériences spirituelles (ce que j'ai ressenti pendant une méditation, ce que j'ai vécu lors d'un voyage chamanique...). Là je démarre une semaine de jeûne, j'y envie de prendre le temps d'écrire comment ça se passe.

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