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Ecolo, manuelle et féministe.

Il y a le copain qui rit fort quand on leur raconte que des filles organisent un chantier féministe. Et les copines qui écrivent des messages de soutien quand au fait qu'on peut être féministe et aimer coudre, et même cuisiner, et qui se questionnent aussi. Et puis surtout, il y a des yeux réprobateurs, quand elle me voit cueillir du lierre pour faire la lessive. Ceux de ma mère, interrogatifs, pour comprendre à quoi ça sert d'être féministe, en 2019.



Il y a ce livre de Mona Chollet, "Chez Soi, une odyssée de l'espace domestique", qui pose si bien les mots dessus, il est en pension chez mon amie Christelle

Encore une fois, je pose ici des mots qui correspondent à mon ressenti, en aucun cas à une vérité générale, et je suis toute ouïe d'écouter vos expériences...

Alors voilà, quand j'essaie de me souvenir du début du moment où j'ai un peu mis mon badge féministe sur mon torse, je sais plus trop quand. Et puis quand c'est celui de tricoteuse, c'est un peu plus clair, il y a longtemps, en pointillé, récemment intensivement.  En fait, les deux, c'est un peu pareil : en pointillé puis (de plus en) plus fort.



Depuis deux ans, je fais partie d'un groupe féministe non-mixte trop cool. Je me suis pointé à la première réunion avec mon tricot, et là, j'ai pas senti de jugement, juste un sourcil levé et souriant : la sororité et la curiosité en marche.

Alors dans la vie, le féminisme, je l'incarne pas trop, on dirait. Je suis cette meuf de 25 ans dont la passion c'est plutôt l'idée de réaliser toute sa garde robe et ne plus acheter de bouffe transformée, qui dort tôt le soir. Pas du genre à courir les expos, les conférences et à organiser plein de trucs dans la vie publique. Alors bon, oui, 25 ans, et "bonne à marier" (#joke), mais pour autant, les livres que je lis, les mots que je pose là, les moments de discussion avec les collègues (sur la cup menstruelle ou les manifs féministes), le choix de refuser de rire aux blagues graveleuses, et d'expliquer pourquoi, le choix de pas faire (trop) de compromis sur ma vision de l'écologie au quotidien ni le féminisme, c'est ma manière.



Concilier tout ça, est-ce que c'est vraiment possible ? Souhaitable ?
Il y a deux choses, mais pour autant profondément liées. L'écologie, la volonté de s'inscrire dans la marche parallèle du monde (du genre, pas du côté de ceux qui rêve d'un SUV), et ça s'illustre dans ma vie, notamment par une place importante de loisirs qu'on pourrait qualifier de ménagers.

C'est ce que dit Mona Chollet, dans Chez Soi, ce ne sont pas les personnes qui aiment rester chez elles, passer du temps seules qui sont valorisées dans la société. Personne ne s'intéresse à la manière d'habiter, d'occuper son temps dans la sphère privée. La sphère privée, par définition est privée, donc ne fait pas l'objet des luttes, puisque ça ne se voit pas. (C'est visibilisé seulement très récemment par Emma la Bédéiste au sujet de la charge mentale)
Mais quand on en parle, ça suscite passions et réactions. Vous avez remarqué comme la manière de manger cristallise toutes les tensions (que ce soit religieux, militant, ou du goût, ça va jamais. Et je ne parle même pas des commentaires sur la manière de nourrir les enfants) ? C'est pareil sur le féminisme.

Alors oui, je tricote en même temps que je réfléchis à des solutions pour abolir le patriarcat. Oui, je fabrique la lessive (ou je cueille le lierre pour que mon mec la fabrique) en cherchant des idées pour être libre et indépendante dans ma vie. Oui encore, je pense que les femmes ont un truc d'égo en moins, oui, c'est des généralités, non je veux pas être essentialiste.



Je m'interroge sur la pertinences d'articles comme celui, récent de slate qui titre "Comment l'impératif écologique aliène les femmes ?". Alors oui, cuisiner ça prend du temps... Et lutter contre le patriarcat aussi, et puis je n'ai pas toutes les réponses, mais je serai ravie d'en discuter avec vous, ici ou de vive voix...

Je me questionne sur les "paradoxes", les justifications, les à priori... Pourquoi est-ce que ça semble incompatible ? Est-ce qu'on parle d'intersectionnalité ? Je ne sais pas. Est-ce que je dois me justifier ? Je ne crois pas. Est-ce que c'est grave docteur ? Heureusement, non ! (enfin, tant qu'on ne s'en rend pas malade!!)





Commentaires

  1. Ton article fait bien écho à ce qui m'occupe aussi l'esprit dernièrement. Alors, oui, je crois qu'on peut être féministe et faire tout cela mais... Force est de constater que dans la plupart des couples que je connais la part écologique de la transition est plus assumée par la femme que par l'homme. L'éco-charge mentale... Depuis que NOUS avons décidé de consommer autrement, JE fais (presque) tout. Est-ce que c'est grave? Non, car aujourd'hui ça fait parti de notre choix de vie et que je suis à la maison avec nos enfants. C'est un choix, et si il peut être vu comme ... rétrograde? vieux jeu? par certains.es c'est avant tout parce que les enjeux qui l'entourent sont fermement ancrés dans notre histoire et notre inconscient. Rester à la maison, s'occuper des enfants, faire son pain. Non, ce n'est pas bien vu. Ce n'est pas travailler, c'est être assujettie au patriarcat. A croire qu'on ne peut pas faire ce choix de manière éclairé et qu'il faudrait bien faire un choix entre être femme, féministe et porteuse des valeurs qui nous sont propres. Est-ce que c'est grave? Oui, certains jours je râle et je peste et puis je suis heureuse d'avoir fait ce choix qui m'apprends bcp sur moi aussi.

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